• J’irai me perdre au fond de la garrigue blanche

    parmi les chênes verts et les lézards lovés

    dans les carrières mères de nos vieilles arches

    et j’irai m’enrouler autour d’un olivier.

     

    La joue contre ton tronc, mon sang contre ta sève

    ouvre ton écorce, arbre, et laisse-moi rester

    là, fondue en toi, je deviens bois, plus de rêves

    je suis ta chaleur sèche et ta sérénité.

     

    Ma terre, mes ancêtres, vous qui m’avez soutenue

    sur d’autres continents, m’accompagnant partout

    lorsqu’enfin maintenant me voilà revenue

    vous ne répondez plus quand j’ai besoin de vous !

     

    Si la poésie même n’est rien qu’une soupape

    quelque sublimation d’un moi hypertrophié

    à quelle porte close faut-il donc que je frappe

    si ce n’est à ton tronc, mon antique olivier.

     

    Dégage ma tête de ces torrents épais

    donne-moi ta force, écarte les maléfices

    si comme un dieu ancien tu veux un sacrifice

    mon sang, je te le donne, pour un peu de ta paix.

     

     

                                                   mars 1997


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  • Les jumeaux arrivent à l’âge

    où l’on apprend le bon usage

    d’ustensiles intimidants :

    le pot de chambre, la brosse à dents…

     

    Tout seul voilà que l’on s’habille

    oh ces petits doigts malhabiles…

    On se bat contre un pantalon

    qui remonte en tire-bouchon

    on tiraille, on crie, on gigote

    on s’empêtre dans sa culotte

    on en pleure d’énervement.

     

    Pourtant, pas question que Maman

    vienne démêler l’embrouillage ;

    on préfère hurler de rage

    essayer encore et encore…

     

    On n’y arrive pas, d’accord,

    mais tout seul ! Le jour où Sophie

    pour la première fois ne mit

    pas de couche, Maman s’inquiéta

    et plusieurs fois lui répéta

    « Pas de pipi dans la culotte ! 

    Attention ! » Notre Fifinotte

    eut tôt fait de perdre patience

    sous la maternelle insistance

    et décida de protester

    très grande dame impatientée

    par une servante étourdie :

    « Oui - ii - ii - ii ! A déjà dit ! »

     

     

    Juin 1997


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  • Les premières admirations de mon jeune âge

    reposaient oubliées, effacées... puis un jour,

    de retour, j’ai plongé à nouveau dans ses pages.

    Intactes ont surgi les enfantines amours

    de la fillette qui, sous l’auguste dictée,

    d’émotion en oubliait les s et les t !

     

    Phrasé, musique, vagues où je me roule et nage

    les ans n’ont pas tari la force qu’au détour

    des mots à pleines mains je puise, savoure, partage ;

    et ces textes houleux, dont le sens m’était sourd,

    m’ont enfin déganté la main qui les sculptait

    au temps où le plaisir s’appelait volupté.

     

    Bourguignonne terrienne, indocile et sauvage

    ma Méditerranée t’a conquise à son tour.

    Quant la terre et la mer s’unissent sur la plage

    l’empreinte de ton pas marquait le sable lourd.

     

    Je suis née trop tard, me revient le regret

    de n’avoir partagé l’air que tu respirais.

     

    Octobre 1999


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  • Un ‘tit bout de trottoir
    Entre porte et voiture
    Le voyage est trop court.

    Un ‘tit bout de bonheur
    Entre porte et voiture
    Pourrais-je te le dire un jour ?

    Que je pars avec toi
    Je vole, je rêve, je parle,
    Je dis n’importe quoi.

    J’accorde mon pas
    Je te regarde chaque fois
    Moments heureux, pleins

    On arrive à la voiture
    Je donnerais la lune
    Pour qu’elle soit garée plus loin…

     

                                                   juillet 2014


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