• 37 - Le tour du monde de Magellan

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    « Le mercredi 28 novembre nous sommes sortis du Détroit pour entrer sur une grande mer, que nous avons immédiatement baptisée du nom de Pacifique, et sur lequel nous avons navigué pendant trois mois et vingt jours sans manger un seul aliment frais. » (Pigafetta).

    La faim et le scorbut font des ravages parmi les marins. Les trois caravelles (la Concepción, la Victoria, la Trinidad) remontent les côtes de l’actuel Chili, passent par les îles Juan Fernandez et San Felix. Aux premiers jours de janvier 1521, elles pointent  franchement vers l’Ouest. (livre de bord du pilote Albo).

     

    L’expédition passe par le Japon, que Pigafetta appelle « Cipangu », puis l’archipel des Mariannes qu’il mentionne comme « Iles des Voleurs ». Le 16 mars 1521, ils arrivent aux Philippines.

    Le 27 avril 1521, Magellan succombe dans une escarmouche avec les indigènes de l’île de Mactan, aux Philippines. Ils choisissent comme nouveau chefs Duarte Barbosa et Juan Serrano, respectivement capitaines de la Victoria et de la Concepción. L’esclave qui était au service de Magellan, Henri le Malaisien, les trahit. Les marins abandonnent Juan Serrano aux mains des indigènes.

    Considérant le peu de marins qu’il restait, il y avait une caravelle de trop. Ils brûlent la Concepción, à cause du manque d’équipage pour la manœuvrer. Il reste donc la Victoria et la Trinidad. Le chef de l’expédition devient Juan Carvajo, le même qui avait décidé d’abandonner Juan Serrano à son triste sort.

    Ils passent par Bornéo.

     

    6 novembre 1521 : Ils arrivent aux Moluques : clous de girofle, noix muscade, poivre, gingembre.

    La Trinidad souffre d’une voie d’eau dans la coque. Ils la laissent aux mains des indigènes, commandés par Juan Carvajo, pour réparation. Une fois réparée, elle repartira à travers le Pacifique vers les côtes de Panama. Ainsi, ils mettent toutes les chances de leur côté pour annoncer la nouvelle à l’Espagne. En effet, si la Victoria n’atteint pas son but, il faut que le deuxième bateau regagne l’Espagne par un autre chemin afin que l’Europe apprenne la prouesse réalisée.

    La Victoria continue toute seule.

     

    6 mai 1522 :

    Ils doublent le cap de Bonne Espérance, à la pointe de l’Afrique.

     

    9 juillet 1522 :

    Escale aux Iles du Cap Vert, par lesquelles ils étaient passés à l’aller. Comme ces îles sont portugaises, ils racontent qu’ils viennent des côtes de l’Amérique, pour dissimuler la vérité.

    C’est là que les marins constatent qu’il y a une différence d’un jour avec leur décompte du calendrier. Ils croient être un mercredi et c’est un jeudi. En réfléchissant, ils arrivent à la conclusion que c’est parce qu’ils ont fait le tour du monde, devenant ainsi les premiers de l’histoire à expérimenter « l’effet Phileas Fogg ».*

     

    6 septembre 1522 :

    La Victoria arrive à San Lucar de Barrameda, commandée par Juan Sebastián Elcano.

     

    Chapitre 37 - Le tour du monde de Magellan

    Lundi 8 septembre 1522 :

    Elle accoste à Séville. Des cinq caravelles, il n’en reste qu’une seule. Des 270 membres d’équipage, 18 sont revenus. (Ils étaient 60 au départ des Moluques).

    Le mardi ils descendent à terre, en chemise et pieds nus, un cierge à la main, pour se rendre à l’église de Notre Dame de la Victoire et à Sainte Marie l’Antique, pour une action de grâces.

     

    Parmi les 18 hommes qui reviennent, l’un était … Pigafetta, avec son livre de bord sous le bras ! L’Histoire n’a pas fait de cadeau à l’immense Magellan, marin émérite et hardi navigateur. Mais elle a voulu épargner Pigafetta, l’humble Lombard qui grattait son livre de bord tous les jours. Nous avons l’immense chance de connaître ainsi cette expédition comme les hommes l’ont vécue, jusqu’au bout.

     

    Pigafetta quitte Séville pour Valladolid, où il se présente à Charles Ier (Charles Quint). Il lui offre un manuscrit du récit du voyage. On n’en trouve pas la trace dans les archives espagnoles.

    Il se rend ensuite au Portugal, où il est reçu par Jean Trois.

    De là il voyage en France et se présente à Madame La Régente, (Louise de Savoie), mère de François Ier. Il lui promet un manuscrit.

    Pigafetta retourne en Italie où il se met au service définitif de Philippe de Villers l’Isle-Adam, grand maître de l’Ordre des Chevalliers de Rhodes, ordre qui par la suite se déplaça à Malte.

    De sa mort on ne connait ni la date ni le lieu.

     

    * *

    *

     

    A l’heure actuelle il existe quatre manuscrits du Journal de Pigafetta :

    1) La version destinée au Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers de Rhodes (qui deviendra plus tard, l'Ordre des Chevaliers de Malte). Rédigée dans un mélange d’italien, de dialecte vénitien et un peu d’espagnol. 142 feuilles de papier épais, 237 x 204 mm. Conservé à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan, découvert en 1795 par le frère Carlos Amoretti, docteur ès-sciences naturelles et géographie. Il le traduit en italien et en français, et publie les traductions à Milan en 1800 et à Paris en 1801 (Editeur Jansen).

     

    2) Manuscrit rédigé en français, conservé à la Bibliothèque Nationale à Paris, dossier 5650, ISNI 0000 0001 2096 717 X. Il appartenait à la Bibliothèque de Louis XIV. 145 feuilles 350 x 220 mm. Pigafetta offre en cadeau à Louise de Savoie, régente et mère de François Ier, un texte rédigé en un « galimatias » italien. La reine, pour le comprendre, le fait traduire. Edition édulcorée car certains passages sont jugés trop crus.

     

    3) Manuscrit en Français, Bibliothèque Nationale à Paris, dossier n° 24224. Appartenait au duc de Lavallière. 106 feuilles vélin, 274 x 187 mm, reliure précieuse. Recopié du manuscrit ci-dessus avec quelques omissions (il manque la désertion de la San Antonio). Edulcoré aussi.

     

    4) Manuscrit en français, dénommé « celui de Nancy » parce qu’il provenait d’une collection privée de la ville de Nancy. D’abord propriété du Duc de Lorraine, à qui Pigafetta l’a donné. Il est passé par de nombreuses mains, arrivant entre celles d’un libraire de Londres. Le plus complet des quatre. 182 x 278 cm, vélin, se trouve à la bibliothèque Beinecke de l’Université de Yale aux Etats-Unis.

       

     

     

    * Jules Verne, Le tour du monde en 80 jours

     

     

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