• 26

    Je me demandais combien de temps j’allais tenir le rythme de la traversée au Chili, lorsqu’une opportunité surgit. Une agence de tourisme réceptif, qui s’appelait Lake Travel, allait ouvrir une succursale à Calafate et cherchait des guides pour la saison d’été.

    Calafate, c’est bien au sud, bien au sud, dans la cordillère des Andes, à la hauteur de Río Gallegos, province de Santa Cruz. J’avais visité le glacier qui tombe dans le lac lors à l’époque où je travaillais dans le pétrole. (cf chapitre 9)

    J’allai donc trouver le patron de Lake Travel, Edgard Bonnafoux. Il me reçut avec enthousiasme, justement il allait recevoir des groupes de Français et avait besoin de guides francophones. Ce gars-là avait un contact humain radicalement différent des autres patrons d’agence. Comme j’étais employée permanente chez Iglesia Turismo, je lui demandai un contrat en bonne et due forme avant de lâcher mon job, le bateau et la traversée au Chili. Pas de problème, me dit-il.

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  • 27

    Le travail à Calafate, dans le tourisme, commençait par aller chercher les groupes de passagers à l’aéroport de Río Gallegos, en car. Parfois à vide, parfois en ramenant d’autres passagers. 316 km aller. A l’époque, 316 km sur route de gravier, avec des « pozos », des nids de poule. Pour y aller, on avait vent dans le dos. Les chauffeurs disaient que la consommation de gasoil était bien moindre qu’au retour. Ce vent d’ouest, qui fait dire aux gens du pays que les Chiliens ont laissé la fenêtre ouverte... Selon l’heure d’arrivée de l’avion à Río Gallegos, on partait tôt. Trrrrrès tôt. Ça faisait 5 heures de route. De gravier.

    Passagers à bord ou car à vide, il fallait servir du maté au chauffeur.

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  • 28

    Malgré un rythme de travail épuisant, on sortait le soir. Quand même !

    Le soir, en été, sous ces latitudes, ne finit pas. Le ciel offre des couchers de soleil somptueux, de quoi ravir le Petit Prince. La lumière rasante du crépuscule donne des tons chauds à tout ce qu’elle touche. Comme la terre tourne très lentement au 50ème parallèle, on prend son temps pour faire des photos. J’empruntais la voiture du patron et j’aillais de colline en colline sur les hauteurs de Calafate, cherchant le bon angle, la meilleure vue. Des années plus tard, à Curacao, près de l’Equateur, (là où la terre tourne le plus vite), j’admirai un coucher de soleil sur la mer Caraïbe. Le temps de quitter la terrasse pour aller chercher l’appareil photo, le soleil était déjà couché derrière la mer ! Frustrant. Et puis, ces pays où il fait nuit toooouuuuus les jours à la même heure…

    A Calafate, même au cœur de la nuit, (en été, bien sûr), le ciel n’est jamais noir. Il reste toujours une lueur pâle à l’horizon. Cela n’empêche pas de voir la reine des constellations de l’hémisphère austral : la Croix du Sud. Plus au nord on ne la voit plus : elle est sous l’horizon. Le ciel austral est bien plus brillant que le nôtre. Il y a davantage d’étoiles. Une seule constellation nous est commune, bien que visible à des périodes différentes selon l’hémisphère : là-bas elle se nomme las tres Marías, ici nous l’appelons Orion.

    Le soir donc, Calafate n’offrait que deux solutions : soit aller danser à Tío Cacho, la boite de nuit du village, soit aller boire un coup et s’égosiller chez le Gordo Vicki.

    Notre préférence allait au Gordi Vicki et à son bar le « Don Diego de la Noche ». Il y avait de bonnes bières. Tout le milieu du tourisme s’y retrouvait, amis, collègues, tout le monde se connaissait. C’est l’avantage de n’avoir qu’un seul endroit pour sortir. Vicki, le patron, avait un certain embonpoint, c’est la raison de son préfixe « El Gordo » (le gros), en vertu de l’habitude argentine d’accoler au prénom une caractéristique physique, quelle qu’elle soit : el gordo Fulano, (le gros Un tel), la flaca Mengana (la maigre Une Telle), el colorado (le roux), le nain, le boiteux, etc.

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  • 29

    Jusqu’au détroit de Magellan, le sud de la Patagonie était habité par des indiens Tehuelches.

    Il n'y a plus de Tehuelches à l'heure actuelle. Ils ont disparu. Lorsqu’il y en avait encore, les autorités payaient les assassins d’Indiens, qui devaient prouver leur crime en ramenant des oreilles d’indiens morts. On en a vu qui en ramenaient des paniers pleins. D’autres leur laissaient la vie sauve, se contentant de leur couper les oreilles. C’est ainsi que l’on trouvait alors des Indiens qui n’en avaient plus.

    Ce nom appartient au langage araucan (mapuche), les Tehuelches ne se désignaient  pas ainsi eux-mêmes. Ils se désignaient comme les Aoniken, qui signifie « Gens du Sud » (du sud du río Chubut), dont le nom « Tehuelche » est la traduction en araucan. Vous suivez ?

    C’était un peuple athlétique, de haute stature. Lors de l’expédition de Magellan en 1521, les bateaux furent forcés de passer l’hiver à Puerto San Julian, un peu au Nord de Río Gallegos. Le secrétaire de l’expédition, Antonio Pigafetta, relate qu’un jour un indien se tenait sur le rivage, le premier Tehuelche  que des Blancs aient jamais vu. Pigafetta écrit « Nuestro capitán los llamó Patagones » « Notre capitaine - c’est-à-dire Magellan- les appela les Patagons ». Pigafetta n’explique pas pourquoi Magellan les appela « Patagons ».

    Chapitre 29 - Les Indiens Tehuelches

    Toldo (tente) Tehuelche vers 1925. Les Indiens sont habillés avec des quillangos en peau de guanaco, poil à l'intérieur. La partie antérieure de la tente (en tissu de teinte claire) est fermée, en position "hiver". La partie postérieure est en peau de guanaco aussi.

    Longtemps on supposa que ce nom était lié à la taille de leurs pieds : un patagón, ce serait quelqu’un qui a de grandes pattes, des grands pieds. Observant leurs traces sur le rivage, qui plus est chaussés de bottes de peau de guanaco -les hivers sont froids-, la pointure avait dû impressionner les Espagnols.

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  • 30

    A Calafate, l’une des deux excursions incontournables était lacustre : on allait voir le glacier Upsala. Son nom provient de chercheurs de l’université d’Uppsala, en Suède, qui le baptisèrent ainsi en 1908 en l’honneur de leur établissement. Ils venaient étudier la forêt. Dans l’espace de 50 ou 60 ans, la forêt andine a beaucoup reculé, parce que la pluviométrie décline. Et les glaciers reculent,  à cause du réchauffement du climat.

    Le bateau partait à 8 heures du matin de Punta Bandera, (la Pointe du Drapeau) ainsi appelé parce que notre intrépide Perito Moreno a planté là un drapeau argentin lors de son exploration de la cordillère.

    Punta Bandera étant à 47 km de Calafate, je vous laisse deviner l’heure à laquelle il fallait se lever pour aller à l’agence, monter dans le car avec le chauffeur et aller chercher les passagers dans les hôtels.

    Un jour on prit l'actrice nord américaine Bo Derek en excursion, avec son réalisateur de cinéma. Le chauffeur de la Kombi fit des pieds et des mains pour les suivre sur le bateau.

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