• 41 - Après la rupture du glacier, la crue du fleuve Santa Cruz

    Le bras Rico ne se vida pas en deux jours. Cela prit du temps. Lorsqu’enfin le niveau se stabilisa, il laissa à découvert des centaines de mètres de rivage qui jusque là étaient submergés.

    Chapitre 41 - Après la rupture du glacier, la crue du fleuve Santa Cruz

    Le brazo Rico du lac Argentino, dont le niveau a baissé de plusieurs mètres après la rupture du glacier Perito Moreno. 1988.

     

    Chapitre 41 - Après la rupture du glacier, la crue du fleuve Santa Cruz

    Brazo Rico. La partie marron foncé était sous l'eau. 1988.

     

    Les gamins de Calafate se mirent à la recherche des cuillères que des pêcheurs maladroits avaient accrochées au fond et abandonnées. Certains endroits de pêche en avaient des dizaines, qu’ils revendaient aux touristes.

    Cela prit du temps pour que le bras Rico déverse ses réserves de millions de mètres cubes dans le reste du lac Argentin, qui du coup remonta de plusieurs mètres.

    Donc, l’embarcadère des bateaux pour l’excursion lacustre au glacier Upsala se trouva sous l’eau pendant quelques semaines, empêchant l’embarquement, et par conséquent l’excursion.

    A son tour, le lac Argentino mit en crue son déversoir naturel, le fleuve Santa Cruz.

    Chapitre 41 - Après la rupture du glacier, la crue du fleuve Santa Cruz

    Fleuve Santa Cruz près de l'embouchure du lac Argentino.

     

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • 42 - L’intersaison

    L’été 1987-88 se termina, et avec lui la saison à Calafate. On repartit avec nos fourbis. Heureusement qu’il y avait les cars, dont les chauffeurs-propriétaires habitaient à Bariloche. On ne voyait plus les sièges tellement ils étaient pleins.

    On partit une fois de plus vers Río Gallegos, puis on remonta l’interminable route du littoral vers Comodoro Rivadavia. On s’enfonçait alors vers l’Ouest et vers nos montagnes bien-aimées, Esquel, et puis, en arrivant un peu avant Epuyen, l’émotion de croiser les premiers cyprès… On arrive ! Puis El Bolson, nous sommes crevés, vidés, lessivés, harrassés, les lacets des côtes de gravier, ça monte, puis le goudron qui commence au lac Gutierrez, et enfin Sa Majesté Bariloche, impériale au bord du lac Nahuel Huapi. Et pas de vent ! Cela nous apparaissait comme un miracle, nous qui avions pris l’habitude de nous faire bousculer par cet adversaire puissant mais invisible, à peine ouvrait-on une porte pour sortir dehors.

     

    L’automne à Bariloche, c’est gris, pluvieux, pas beau. Mais en revenant de Calafate, c’est pire. Je passai par une période d’agoraphobie. Qu’est-ce que c’est ? L’horreur de l’extérieur. J’étais bien chez moi, et n’avais aucune envie de sortir. Juste les courses et la laverie du centre, chez Kempel. Je me forçai un peu au début. Mais rien que le tour de la cuadra, du pâté de maisons, était pénible. Je passai la plupart du temps au lit, heureuse, à bouquiner ou écouter de la musique. Peut-être que le vent continuel des cinquantièmes rugissants m’avait porté sur les nerfs, à force, et les horaires, les kilomètres, les routes de gravier, les touristes, la fatigue… et le vent, le vent, qui rend fou… Il faut y être né et y avoir grandi pour résister.

    Je passai le mois de vacances inter-saison seule dans mon cocon, à recharger les piles. Puis l’hiver arriva, et la neige : Bariloche dans ses habits d’hiver, c’est somptueux.

    Chapitre 42 - L'intersaison

    J’avais déniché une toute petite maison en bois à Mélipal. Une maison de poupée chauffée par un brûleur à gaz, tellement chaude qu’on pouvait s’y tenir en manches courtes l’hiver. Le paradis.

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • 43 - Calafate, été 1988-1989

    Passé l’hiver à Bariloche, Lake Travel migra à Calafate au printemps, les cars transformés en camions de déménagement. C’était l’été 1988-89.

    Je ne retournai pas à la pension de Carmen. Je trouvai à partager une location avec Marcela, guide, et son copain architecte, dont j’avoue ne plus me souvenir du nom. Il dessinait des plans de maisons, sur papier, à la règle et à l’encre de Chine. Nous buvions du maté tous les jours. La règle d’or : ne pas passer par-dessus le plan avec le maté. Toujours le contourner, pour ne pas risquer qu’une goutte d’eau vert sombre attérisse sur le beau plan qui avait demandé des jours et des jours de dessin. Il surveillait des chantiers, ça construisait à tour de bras, les terrains étaient pratiquement donnés par la municipalité.

    Un jour il revint à la maison tout retourné. En parlant avec les ouvriers, ils en étaient arrivés à parler de la retraite. L’un d’eux lui avait déclaré que les architectes y arriveraient certainement. Mais pas les ouvriers. Parler avec  quelqu’un qui envisageait comme une évidence de ne pas dépasser pas les 45 ans, il y a de quoi se poser des questions.

     

    Lire la suite...


    votre commentaire
  • 44 - L’Argentine a aussi un Nord

    (Au nord il fait chaud, hé !)

    La dernière saison que je fis avec Lake Travel, le tourisme, et l’Argentine, me fit changer de rôle. Je laissai mon rôle de guide local et devins « Tour Conductor ». Beaucoup moins intéressant, mais je voyais du pays.

    Edgard, le patron, m’avait déjà proposé d’aller en France tenir le bureau de Lake à Paris, pour vendre les réceptifs que nous réalisions en Argentine. Bof, aller travailler en France au salaire argentin… Je déclinai l’offre, poliment, devant l’incompréhension générale des filles du bureaux qui ne rêvaient que de cela, travailler à Paris ! Comme j’aimais bien le boss, je m’abstins de dire que si je voulais travailler en France, je n’avais pas besoin de Lake Travel. C’était pourtant la pure vérité.

    Edgard n’était jamais à court d’idées. Cela se voyait au nombre de cars aux couleurs de « Lake Travel », qu’il sous-traitait à des propriétaires-chauffeurs. Il fut un temps où ces cars remplissaient le parking de l’aéroport de Bariloche, et bien peu d’autres agences y étaient aussi. Il fut alors non seulement le roi du réceptif à Bariloche, mais il monopolisa aussi le réceptif des groupes français sur les circuits de toute l’Argentine.

    Une de ses idées géniales fut de mettre un Tour Conducteur (un « TC ») à disposition des Français non pas au départ de Paris, mais à l’arrivée à Buenos Aires : cela revenait moins cher aux agences françaises. Elles payaient un billet d’avion en moins, et le salaire du TC Argentin revenait moins cher. Il fallait un TC qui parle français, bien sûr : ce fut moi.

     

    Lire la suite...


    5 commentaires
  • 45 - De la Péninsule Valdés à la Terre de Feu

     

    J’accompagnais les touristes à la péninsule Valdés, à côté de Puerto Madryn, visiter la réserve de pingouins (il y en a des milliers). Nous prenions aussi de petits bateaux pour voir les baleines franches, ainsi appelées parce qu’elles n’ont pas peur de s’approcher. Des années après, j’ai fait une excursion aux baleines à Tadoussac, au Québec. Je suis désolée, mes amis Québécois, mais c’est bien pauvre comparé à la peninsule Valdés.

    Les baleines viennent mettre bas dans ces eaux relativement chaudes, mais elles n’y trouvent rien à manger. Elles passent des mois à jeun, à élever leur petit, avant de repartir vers la haute mer riche en krill. A Valdés, elles s’approchent très près du bateau. A ma première excursion, j’avais mis le téléobjectif sur l’appareil photo (ça se vissait sur le boitier). Lorsque la baleine se montra, il me fallut l’enlever et remettre l’objectif normal, elle était trop près !

    Chapitre 45 - De la Péninsule Valdés à la Terre de Feu

    Lire la suite...


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique